Thursday, November 14, 2013

France - la lutte de classe en Bretagne


Ce que nous enseigne la lutte de classe en Bretagne
L’état actuel de la lutte de classe en Bretagne nous apporte en même temps que son lot de contradictions, des éléments importants pour savoir comment se positionner et surtout comment agir en tant que militants communistes.
L’appel à la manifestation de Quimper a semé le flou chez beaucoup d’entre nous par son interclassisme et la division qu’elle a amené chez les syndicats. Ces événements nous forcent à bien analyser les contradictions au sein du peuple et les contradictions entre nous et nos ennemis comme deux choses bien distinctes. Il est manifeste que des organisations patronales telles que L’Institut de Locarn, Produit en Bretagne, la FDSEA et des élus bourgeois de Bretagne sont à la manœuvre. Il est également inquiétant de voir comment nos ennemi-e-s de classe utilisent avec efficacité le mouvement de masse pour défendre leurs intérêts. Mais il nous faut éviter les analyses et les conclusions simplistes et nous mettre à l’épreuve des faits.

L'anarchie de la production est responsable de la situation bretonne

La Bretagne connaît une grave crise qui s’inscrit dans la crise du capitalisme qui ronge l’état français, et ce d'autant plus de part les spécificités que les inégalités de développement ont inscrit dans le tissu économique de Bretagne. L'économie bretonne est dominée par l’agriculture et l’élevage autour desquels se développe une mono-industrie dont les breton-ne-s subissent les conséquences en terme de pollution. Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, de voir se dessiner un semblant d’intérêts immédiats communs entre différentes classes aux intérêts contradictoires dans leur essence, antagoniques pour d’autres. Ouvriers et ouvrières de l’agro-alimentaire, paysan-ne-s, éleveurs, transporteurs etc. étant tous liés par un même secteur d’activité .

Cet interclassisme est aussi la marque de l’anarchie de la production capitaliste qui entraîne une destruction toujours plus grande de forces productives. L'anarchie de la production plonge de larges masses de la population vers un avenir incertain, parmi lesquels des éléments petits bourgeois ; petits producteurs, commerçants qui ont tous et toutes à craindre dans leur activité économique, l’impact des destructions d’emplois du secteur industriel. L’écotaxe que les patrons ont su mettre au premier plan de la mobilisation grâce à leur capitaux et à l’appui des médias n’est certainement pas le cœur de la lutte des nombreux bretons et bretonnes qui se sont rassemblés à Quimper ce jour là.

Réduire l’acharnement et le sabotage par les masses des portiques écotaxe à une question d’ « esclaves se battant pour les intérêts de leurs maitres » (dixit Mélenchon) serait une grave erreur. Évidemment, les masses ne se battent pas pour les beaux yeux de leurs patron-ne-s. Mais la réalité d’une société ou règne la propriété privée des moyens de production est que ceux-ci tiennent leur vie entre leurs mains. Car les travailleurs et travailleuses qui craignent pour leur emplois, inquiet-e-s pour les lendemains, savent comment les patron-ne-s répondent à la taxe, comment ils répondent à la baisse de leur taux de profit ; en taillant dans les effectifs. C’est par ce même procédé du chantage à l’emploi de la peur de manquer que les patron-ne-s des enseignes commerciales de Castorama et autres, ont poussé leurs salarié-e-s à porter la pathétique campagne du « Yes Week-end » et à les dresser contre les syndicats. Les travailleurs et travailleuses se battent pour leurs intérêts immédiats, mais aussi pour leur avenir, pour « vivre et travailler en Bretagne » comme ils le revendiquent eux-mêmes. Si nous voulons accomplir ce pourquoi nous luttons, si nous avons la ferme intention de servir le peuple ; alors ce qu’il faut traiter ici, c’est la question du système capitaliste dans son ensemble, ses contradictions comme autant de sources de souffrances pour le peuple.

Pour l’instant, le gouvernement bourgeois va renvoyer les exploité-e-s à ses éventuels « plans » et promesses pour calmer tout le monde en espérant que l’étincelle ne mette pas le feu à toute la plaine. Mais rien ne va changer pour les masses sous le régime capitaliste. Éduquer les masses à comprendre cette réalité est une de nos taches.
Lorsque les « expert-e-s » bourgeois-e-s des médias nous expliquent que le poulet français n’est pas assez compétitif par rapport au poulet brésilien, que les entreprises industrielles n’ont pas fait les investissements nécessaires pour résister à la concurrence allemande, ce sont bien là pour nous des problèmes de bourgeois-e-s  ! Aucune subvention aux agriculteurs de la part de l’U.E, aucune aide de l’Etat aux entreprises ne supprimeront la concurrence mondiale. Croire à ces belles promesses serait aussi absurde que de penser que les gouvernants puissent faire disparaître le Brésil ou l’Allemagne de la planète ! C’est donc les fondements de ce système destructeur de nos vies qu’il faut pointer du doigt : l’anarchie de la production, la concurrence, la propriété privée des moyens de productions et d’échanges, ainsi que les conséquences qu’ils ont sur nos vies.

Porter, dans le chaos, une position prolétarienne

La CGT a avancé la défense de l’indépendance des travailleurs pour refuser de participer à la manifestation de Kemper. Or, la CGT n’est pas non plus indépendante d’un point de vue de classe. En effet, le fait d’être organisé-e-s entre travailleurs et travailleuses ne suffit pas à garantir l’indépendance de classe. L’indépendance de classe, c’est une question idéologique, c’est prendre le point de vue des intérêts du prolétariat et rompre avec celui de la bourgeoisie. Or, des mots d’ordre de « défense de l’emploi industriel », de « réindustrialisation », sans parler du « pour le progrès social », des meetings communs avec des patrons pour « trouver des solutions à la crise », des commissions tripartites état, patrons et syndicalistes dans des bassins industriels en voie d’être sinistrés (Lacq), ce ne sont pas des manifestations d’indépendance de classe.

A Quimper comme à Carhaix, il n'était pas d'un camp autonome du prolétariat. En effet, l'indépendance de classe ne se résout que par la construction d'une organisation politique défendant fermement une position de classe. Sans lui, les syndicats sont laissés sous la domination idéologique de la bourgeoisie, de même que les masses prolétariennes, forcées par la dureté de la vie de répondre à leurs intérêts immédiats, ne peuvent être amenées à la conscience de leurs intérêts véritables. Seul le parti du prolétariat, un parti communiste révolutionnaire qui se bat pour le renversement de l’état bourgeois et pour la socialisation des moyens de productions peut emmener les masses à ce niveau de conscience. Cela dit, les masses prolétariennes révoltées défendent cent fois mieux leur indépendance en refusant le parcours de manifestation prévu et lorsqu’elles s’en prennent aux bâtiments gouvernementaux que lors des manifs économistes plan-plan dans lesquels la CGT et autres les enferment.

Pour nous, les militant-e-s progressistes, syndicaux, communistes qui ont été présent-e-s à Kemper ont eu raison d'être à cette manif. Personne n’ignorait que les paysan-ne-s et les prolétaires viendraient en découdre. Et là ou les masses s’insurgent, les communistes doivent répondre présent-e-s.

Si la CGT pointe du doigt, outre la présence d’organisations patronales, celle de groupes d’extrême droite, n'avait elle pas la capacité à faire reculer les fascistes ? L’importance du Parti se fait d’autant plus sentir que les bourgeois-e-s polluent les consciences des masses à l’aide de tous leurs partis pourris. Nous mêmes ne pourrions abandonner les masses, rester là à contempler une lutte. Nous ne pouvons pas laisser les fachos tenter de se frayer un chemin dans les luttes de masses. Mieux vaut lancer les révolutionnaires dans le chaos de la lutte que les laisser végéter dans l’impuissance, à l’écart des masses par souci de préserver l’« indépendance » des travailleurs. Il n'existe pas de mouvement prolétarien pur, et c'est à nous de savoir construire l'unité autour du prolétariat.

Participer activement aux luttes des masses, isoler et dénoncer les élus bourgeois et les patrons, chasser les groupes d’extrême-droite et encourager la violence révolutionnaire du prolétariat, des petit-e-s paysan-ne-s et éleveurs, expliquer les véritables causes des souffrances du peuple , les éclairer sur la nature de classe de ce Gouvernement et dégager des perspectives de lutte, voilà ce qu'un Parti permettrait.

Notre rôle est de faire émerger, au milieu de ce mouvement, la position du prolétariat. Cette position est que les patron-ne-s n'ont pas attendu l’écotaxe pour licencier, qu'il faut refuser de marcher derrière celles et ceux qui vous licencieront plus tard, mais au contraire lutter et s'organiser pour défendre ses intérêts de travailleurs et travailleuses, en toute indépendance de classe. S'organiser en tant que prolétaire, c'est ne plus avoir sa vie entre les mains du patron, c'est se doter des moyens de résister et de vaincre.

La position du prolétariat est la seule conséquente, car le prolétariat est la classe qui a totalement intérêt à la destruction du système capitaliste, et qui, au cœur de la production est celle qui est le plus à même de développer le rapport de force avec la bourgeoisie. Le prolétariat est donc à même d'entraîner les autres classes derrière lui. L'interclassisme de ce mouvement, c'est le reflet de la faiblesse politique du prolétariat, c'est le reflet de nos faiblesses.

Un frémissement dans la classe ouvrière

Nous nous moquons des manifestations policées, « dans le calme », et qui faisaient dire à Sarkozy : « Aujourd’hui quand il y a une manifestation en France, personne ne s’en aperçoit. ». La déclaration commune signée CGT, Solidaires et FSU explique que « les actions violentes surmédiatisées ne relèvent pas d’un mouvement social des salariés ». Toujours ce rejet de la violence légitime des exploité-e-s, omniprésent chez « partenaires sociaux » de l'Etat bourgeois . Les prolétaires sont révolté-e-s et personne pour transformer leur combativité spontanée en organisation révolutionnaire. Nous soutenons les appels à créer « les syndicats et les organisations de la société civile à créer des comités locaux de lutte et de défense des salariés menacés de licenciements partout en Bretagne. »

Les unions locales CGT, Sud, combatives, comme par exemple celles du Nord Pas de Calais doivent se sentir confortées dans leur volonté de combattre par ce qui se passe en Bretagne. Là bas aussi le terrain est fertile pour la lutte et l’alliance entre ouvrier-e-s et paysan-ne-s ne doit pas être prise à la légère. La situation d’éternel-le-s endetté-e-s des agriculteurs et agricultrices, les contradictions qui les opposent aux patrons de la grande distribution et leur capacité de mobilisation font d’eux de précieux alliés du prolétariat. Tout-e-s les paysan-ne-s ne sont pas dans la même situation économique. Alors que les paysan-ne-s riches reçoivent moult subventions, les plus pauvres s'endettent de jours en jours.
Les ouvriers et ouvrières de Tilly-Sabco en défonçant le portique de la sous préfecture de Morlaix, ceux et celles de l’imprimerie VG Goossens à Marcq-en-Baroeul en piégeant leur usine avec des bombonnes de gaz, témoignent d’une radicalité qu’il serait regrettable de ne pas montrer en exemple (une « indépendance »d’action dont devrait s’inspirer la direction de la CGT).

Nous autres, maoïstes révolutionnaires devons apprendre dans la lutte et ne pas avoir peur du chaos. Nous devons renforcer notre travail dans les syndicats et dans les luttes populaires, parvenir à l’unification des révolutionnaires dans le Parti dont la classe ouvrière à besoin. Nous devons porter partout où sont les masses la position du prolétariat. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible d’influencer les masses prolétariennes aux idées communistes, de les guider à « monter à l’assaut du ciel ! »

Que vive la lutte du peuple breton ! Que sa révolte s’étende partout dans l’état français et ses colonies !

PCMF / OCFR


 



   

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